Célibataire, Béatrice 32 ans est infirmière. Malgré une vie sociale plutôt équilibrée, elle se sent dans un état de mal-être diffus et persistant. Elle décide d’entreprendre une psychosomatothérapie avec un spécialiste de la somatoanalyse, l’intégration du corporel à la psychanalyse.
Richard Meyer psychiatre et psychanalyste raconte :
« Dès le début de notre première séance, Béatrice m’a dit qu’elle vivait avec un ami. Elle n’éprouvait pas d’amour pour lui et n’avait aucune envie de fonder un véritable couple. Puis elle a ajouté qu’elle se faisait souvent courtiser par des hommes de valeur, qu’elle passait son temps à éconduire.
Au cours de nos entretiens, j’ai découvert qu’elle portait un très lourd fardeau familial. Une mère schizophrène, un père fruste et brutal, un frère psychotique… Pourtant, en dépit de ses problèmes, elle organisait sa vie de façon assez intelligente. Elle fréquentait un groupe de philosophie, voyageait volontiers, savait se montrer généreuse et serviable. Pour moi, Béatrice était borderline – une personnalité complexe et instable. »

LA SOMATOANALYSE ET PSYCHOSOMATOTHERAPIE
Richard Meyer est le père de la somatothérapie – terme générique désignant les thérapies psychocorporelles – “Psychosomatothérapie” qu’il a lancée il y a près de trente ans. – Fondateur et directeur de l’École européenne de psychothérapie socio et somato analytique ( Eepssa)
– Auteur de nombreux livres, dont Le Manifeste de la psychothérapie intégrative (Dangles, 2010)

« J’ai utilisé cette méthode avec Béatrice, parce qu’elle appréciait l’état de relaxation que le divan lui apportait et le face-à-face visuel. C’est une thérapie longue dans laquelle, en raison de sa personnalité, j’ai dû m’engager avec elle.

La première période a duré plus d’une année et s’est focalisée sur sa famille. La maladie de sa mère, son obligation de survivre à de tels parents, à la pauvreté et au rejet social. Une enfance pendant laquelle elle a dû suppléer aux manques maternels auprès de son frère. Une adolescence marquée par la peur de perpétuer la folie ambiante et par une anorexie sévère.
« Nous avons beaucoup parlé de cette peur. Nous avons fait un long travail de “défusion”, de différenciation et d’autonomisation. Béatrice parlait de façon continue et intériorisée. On peut dire qu’elle a fait consciencieusement son boulot d’analysante.
Cela lui a donné de plus en plus de force pour se manifester au travail, avoir des initiatives intéressantes, affronter son patron quand il le fallait. Au bout de deux ans, elle a rompu avec son ami et lui a demandé de partir. Pour la première fois depuis longtemps, elle prenait le contrôle de sa vie. »

UN TRAVAIL CORPOREL
Dès la première séance, Richard MEYER avait remarqué que, chaque fois qu’elle parlait, la jeune femme mettait sa main sur son épigastre – le haut de son abdomen. “De temps en temps, je posais la mienne parce que je sentais qu’elle avait besoin d’un travail énergétique”

Un jour, elle m’a dit sentir un énorme “trou”, douloureux et inquiétant, au niveau de son diaphragme. J’ai mis la main sur cette zone, et elle a décrit avec précision ce qu’elle ressentait. Un centre énergétique était en train de s’éveiller. » À partir de là, Béatrice a vu monter en elle une force nouvelle qu’elle ne se connaissait pas. Elle s’est mise à réorganiser sa vie à prendre de la distance avec sa famille .Et s’est aussi affirmée au travail, s’est engagée dans l’humanitaire et a commencé à écrire…
« La tradition hindoue appelle ce centre énergétique le chakra du coeur, indique Richard Meyer. Que l’on y croie ou pas, cela a eu un résultat étonnant sur cette jeune femme. Elle s’est renforcée non seulement dans sa vie professionnelle et matérielle, mais aussi affective. Elle a adopté un fonctionnement consistant en une pure ouverture aux autres. Généreuse et chaleureuse, sans aucun désir de possession ni l’envie de se lancer dans une relation amoureuse. Son développement spirituel a commencé à la nourrir, donnant une place privilégiée à la nature et aux êtres humains. »

L’HISTORIQUE
Les premières conceptions du lien entre le corps et l’esprit remontent aux sources mêmes de la médecine chinoise. Platon parlait déjà de la santé de l’âme et du corps. Ec’est vers la fin du XIXe siècle que le terme « psychosomatique » naît, avec les travaux du psychiatre allemand Johann Heinroth. C’est ici l’aspect médical qui s’intéresse aux maladies psychosomatiques.

La version psychanalytique apparaît au début du XXe siècle avec Sigmund Freud et surtout Georg Groddeck, pour qui tout symptôme physique provient d’un conflit psychique. Carl Gustav Jung ira plus loin en posant l’idée d’une véritable union entre le corps et l’esprit.
En 1962, le médecin et psychanalyste Pierre Marty cofonde l’École de psychosomatique de Paris, mais il faudra attendre les années 1970 pour qu’apparaissent les thérapies psychocorporelles, généralement issues du mouvement américain des nouvelles thérapies. Elles sont regroupées sous le terme générique de « psychosomatothérapie » forgé par Richard Meyer.

LES PRATICIENS
– École européenne de psychothérapie socio et somatoanalytique (Eepssa)
Fondée et dirigée par le psychiatre et psychanalyste Richard Meyer, cette école, qui a formé plus de mille professionnels en vingt-cinq ans, propose des cursus complets en somatothérapie, art-thérapie, musicothérapie, psycho et sociosomatothérapie. Son approche est basée sur une intégration méthodique et scientifique des grands courants (cognitiviste, comportemental, psychanalytique, systémique humaniste, transpersonnel…). L’Eepssa est implantée dans six villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Toulouse, Nantes, Aix-en-Provence.

Renseignements : 0388685654 et eepssa.org.

Pour aller plus loin
A lire
– Psychothérapies, Sociothérapies, Somatothérapies de Richard Meyer
– La Psychothérapie et la Méditation au chevet de l’humanité de Richard Meyer
– Le Manifeste de la Psychothérapie Intégrative de Richard Meyer
– Les Nouvelles Pathologies Psy de Richard Meyer
– Comprendre et pratiquer les thérapies psychocorporelles de Guy Largier. Bioénergie, massage, relaxation, focusing… Un bon panorama des thérapies à médiation corporelle, avec leurs fondements théorique et pratique, illustré par des cas cliniques et par des exercices (InterÉditions, 2008).

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